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lundi 7 juin 2010

Messieurs Dames, by Belleville Chick

Aujourd'hui, saisie d'une impulsion, je me lance un nouveau défi : trouver un coiffeur, et ressortir avec une nouvelle coupe en moins de deux heures !

Fidèle à mon habitude, je me fie à Internet pour dégotter – espérons-le – la nouvelle perle rare. Meilleurcoiffeur.com, recherche des coiffeurs dans le 3e, je tombe sur Messieurs Dames, adresse la mieux notée, et surtout qui suscite des commentaires dithyrambiques. Le salon est basé rue Charles François Dupuis. Curieux, je connais le quartier, et visualise bien cette petite rue tranquille adjacente au Carreau du Temple, où je vais souvent boire un verre avec des amis, mais je n’y ai jamais remarqué de salon de coiffure. Coup de fil rapide pour vérifier la disponibilité, et me voici partie à 17h30 de chez moi, avec un impératif de retour deux heures plus tard.


Heureusement que j’ai bien noté le numéro de la rue, car il n’y a aucune devanture. Je rentre dans un salon relativement petit, tout en longueur, et avant de pouvoir y pénétrer, cède le passage à deux jeunes gens qui transportent des cartons. Il y a trois clients, deux coiffeurs. Le salon paraît vide, déstructuré, entre les cartons du fond du salon, le mobilier chiné au petit bonheur la chance, une grande malle de voyage ouverte au beau milieu du salon qui contient des produits dont on ne voit pas la marque. C’est une ambiance à la berlinoise, un peu surprenante, mais confortable et cosy. Quand on pénètre dans le salon, l’œil est tout de suite attiré par le pilier central, décoré de néons fluos qui rappellent le travail de Dan Flavin dont j’avais vu une exposition au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris il y a quelques années.

Sébastien, le maître des lieux, m’invite à m’installer sur le canapé d’attente, en me précisant qu’il a un peu de retard. A ma question un peu inquiète sur le délai de retard, il m’explique, en me montrant sa cliente, une jeune femme à la crinière bouclée somptueuse, qu’il ne sait pas encore combien de temps cette coupe va lui prendre, et qu’il peut difficilement estimer la vitesse à laquelle il va avancer.


Ici, point de Gala ou Biba, les livres et magazines sont artistiques, et aussi dépareillés que le mobilier. La bibliothèque fait face à une sculpture murale, signée Jean-François Spricigo. J’attrape un livre qui recense les inventions les plus absurdes des Japonais. Au fil des pages et des inventions effectivement plus absurdes les unes que les autres, mais très drôles, je prends conscience que les deux jeunes gens porteurs de cartons du début sont en fait en train de préparer le salon pour un vernissage/soirée qui aura lieu le soir même. J’en aurai la confirmation plus tard en discutant avec Sébastien, il s’agit en fait du vernissage du salon, qui vient de fêter ses 5 mois, et auquel il m’invite à passer. Pas étonnant que je n’aie jamais remarqué le salon avant, en fait, il est tout neuf !


C’est enfin mon tour. Il me reste exactement 3/4h avant de devoir partir, c’est relativement court, mais Sébastien m’assure qu’il s’engage à me faire une coupe et un brushing sans prendre de retard. Nous voici partis, il m’installe face à un grand miroir mural… sans coiffeuse devant. Surprenant. Et commence à me couper les cheveux à sec, comme il l’a fait avec la cliente précédente. C’est la première fois qu’on me coupe les cheveux de cette manière. Sébastien me demande à quand remonte ma dernière coupe. Il a l’air surpris de ma réponse, un mois à peine, et me propose de couper très peu, car il aime bien ma longueur. Il m’explique que couper sur cheveux secs permet d’éviter les dégradés par pallier, car on se rend mieux compte du rendu final que sur cheveux mouillés. Le travail est efficace, Sébastien concentré, même s’il répond volontiers à mes questions. J’apprends ainsi qu’il rentre de New York, et qu’après quelques années chez Tony&Guy, il a eu envie de monter son affaire, même si les questions administratives sont parfois lourdes, et l’éloignent de son intérêt principal, l’artistique. Quand je lui demande s’il estime que Paris est encore prescripteur de tendances, par rapport à New York, il me répond que non, que la coiffure ne bouge plus tant que ça, que les franchises sont très frileuses et en aucun cas prescriptrices de tendances, et que si Tony&Guy ont été intéressants durant une décennie, c’est moins le cas aujourd’hui, ce qui l’a poussé à s’en éloigner.


Sébastien fait partie de cette génération de coiffeurs qui enfin renouvellent le métier, et cassent le stéréotype du salon désincarné de la franchise ou de la coiffeuse de quartier qui parle de la météo. On sent qu’il attache de l’importance à l’ambiance de son salon, à son emplacement, et qu’il a des messages à faire passer. C’est dans le haut marais qu’il a voulu absolument s’installer, et qu’après avoir prospecté des mois dans le quartier, il a enfin trouvé son bonheur. Ce quartier lui va bien, et le salon s’intègre bien dans le voisinage de la librairie OFR, des galeries d’art et des boutiques de mode du quartier. Alors que je m’étonne du succès de son salon tout juste ouvert, il m’apprend que cela fait plusieurs années qu’il participe à la Nuit Curieuse de la Ferme du Buisson, et à quelques événementiels. Voici un coiffeur selon mon cœur, versé dans la culture, et dont les choix artistiques me parlent !


Le salon ne possède pas encore de site Internet, et j’imagine que c’est par manque de temps pour le moment. Sébastien me détrompe, il ne voit pas bien l’intérêt d’un site Internet, et compte plutôt s’orienter vers un blog, plus propice selon lui à s’exprimer. C’est marrant, pour moi, un commerce ne peut faire l’impasse d’un site Internet, il faut impérativement maîtriser sa réputation sur le web, et celle-ci commence par avoir son propre site Internet, sur lequel indiquer ne serait-ce que les coordonnées, horaires d’ouverture, etc. Toutefois, le salon se débrouille plutôt bien sans, et cela ne m’a pas empêché de découvrir ce nouvel endroit. A méditer…


La coupe avance, Sébastien me pose des questions sur deux mèches en particulier qu’il trouve plates, et auxquelles il s’attache à redonner du volume. Ca y est, c’est fini, il m’invite à passer au shampoing. Je regarde ma montre furtivement, maïas pas assez visiblement, puisqu’il surprend mon geste, et m’assure à nouveau qu’on sera dans le timing. Je ne suis pas tout le temps aussi pressée, mais aujourd’hui est un jour particulier, j’ai un rendez-vous shooting, une grande première pour moi.


Je m’installe devant le bac à shampoing, me détends, et… c’est parti pour une expérience incroyable. J’ai droit à un shampoing à l’odeur envoutante, un massage du cuir chevelu, c’est une bulle, une parenthèse dans une journée chargée, un pur bonheur. Le shampoing est un Bumble&Bumble, la marque dont je suis tombée amoureuse en découvrant leur site Internet. A la question de Sébastien, je ne veux pas me démasquer, et fidèle à mon rôle de néophyte de l’univers de la coiffure, prétends simplement avoir vaguement entendu parler de la marque. Il m’apprend alors que c’est une marque new-yorkaise, qui est en vente chez Colette. La coupe m’avait conquise, le shampoing me rend addicte ! Je regrette amèrement d’avoir aussi peu de temps devant moi…


Nous voici de retour devant le miroir sans coiffeuse pour le brushing. J’ai spécifié quelque chose de très naturel, il ne faut surtout pas que le photographe devine que je sors de chez le coiffeur, il s’agit d’une séance au naturel. Sébastien, à qui je n’ai rien expliqué, est à la hauteur de sa réputation numérique, et des commentaires louangeurs qui lui ont été dédiés. Mon souhait est respecté à 100%, le brushing qu’il me fait (car il s’agit tout de même d’un vrai brushing) place les cheveux parfaitement naturellement, le tombé est impeccable, et il achève la séance en me fixant la mèche de devant avec de l’eau saline, reconstitution d’eau de mer.


Je repense aux commentaires que j’ai lus sur le salon : « C'est exactement la coupe que j'attendais depuis ... toujours ;-) » et c’est exactement ça. La séance est un peu plus chère que chez ses confrères, mais on en sort ravi et parfaitement satisfait. De toutes mes missions, celle-ci est de loin la plus agréable et la plus probante. Bravo Sébastien, et longue vie à ton salon !


Messieurs Dames

5 rue Charles-François Dupuis

75003 Paris

01 42 71 29 60

Photos tirées de la page Facebook


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